Comment réduire les déchets de la déconstruction urbaine ?

Même si des filières de valorisation et de recyclage existent, le tri reste trop peu répandu dans ce secteur. Les acteurs doivent se coordonner pour réussir ce défi. Une collectivité comme une ville et des experts en BTP doivent s’accorder pour trouver des solutions durables et mettre en place une démarche d’économie circulaire dans la déconstruction et dans la construction de bâtiments. Des plateformes de valorisation doivent voir le jour, notamment, à proximité des chantiers.

Réaliser l’inventaire des différentes matières

Cette démarche durable de récupération des déchets dans la déconstruction urbaine passe par plusieurs étapes. Il faut tout d’abord, réaliser un inventaire préalable de chaque déchet utilisé pour à terme, leur donner une seconde vie, nécessaire à la protection de l’environnement et de ses ressources.

Dans cette démarche, l’inventaire préalable est un registre fait avant le début du chantier. Tous les anciens matériaux peuvent, en effet, être de véritables ressources pour de futurs projets. Ainsi, les matériaux sont identifiés selon les codes EURAL (Listes de déchets). Les codes EURAL sont mis en place par l’Union européenne pour garantir une certaine unité dans la gestion de ces matières en Europe.

Lorsque les matériaux de construction et autres ressources sont triés avec cet inventaire écrit, il est nécessaire d’évaluer leur potentielle valorisation.

Évaluer les potentiels de valorisation et réemploi des déchets de chantier

Certains matériaux récupérés sur un chantier de déconstruction urbaine pourront être valorisés par le recyclage notamment. On pense particulièrement à la brique, au bois, aux tuiles mais également au PVC,  à l’acier et autres métaux. En effet, différentes matières auront un potentiel défini dans le recyclage. 

Pour chaque déchet, il est essentiel de savoir en amont s’il est possible ou non de le recycler pour le réutiliser prochainement dans un projet de BTP.

Pour une gestion optimale de ces matériaux de construction déjà utilisés, il faut être organisé et comprendre quels sont les déchets qui pourront être valorisés après la déconstruction urbaine.

Identifier des partenaires pour créer une boucle d’économie circulaire

En fonction des matériaux qui vont pouvoir être récupérés pour un plan de valorisation, il faudra identifier les partenaires nécessaires à cette valorisation. C’est dans ce cadre, qu’il faut trouver la filière de recyclage adaptée et les entreprises aptes à recycler certains matériaux.

Ce sont des entreprises qui pourront notamment séparer la ferraille de certains résidus plastiques. Des zones de stockage des détritus sont aussi à prévoir dans le projet pour accompagner le réemploi de chaque déchet de chantier.

Mettre en œuvre la gestion des déchets au cours du démantèlement urbain

Désormais, la gestion des déchets a été pensée en amont du projet de démantèlement urbain sur un territoire, il est donc nécessaire de mettre en place les différentes actions qui vont suivre.

Mettre en place un tri opérationnel des matériaux sur le chantier

Il faut trier sur le chantier les différents déchets comme le papier, le carton, les végétaux, mais également les différents gravats. Découvrons les différents gravats présents sur un chantier de démolition et comment les différencier. Ce processus de différenciation est évidemment essentiel au recyclage de ces gravats. Certains seront jugés plus dangereux que d’autres, ce qu’il ne faut pas sous-estimer.

Les 3 types de gravats produits lors d’une démolition

Sur un chantier de démantèlement urbain, on retrouve : 

• les déchets inertes ;
• les déchets non inertes et non dangereux ou DIB ;
• les déchets dangereux.

Les déchets inertes regroupent un type de déchet qui ne subira pas de modification durant son stockage. On pense aux gravats de briques, bétons, mais également au verre, à la terre et aux cailloux. Cela représente près de 70 % des détritus récupérés sur un chantier. 

Les déchets non inertes et non dangereux, également désignés sous l’appellation de déchet industriel banal (DIB) sont définis comme l’ensemble des produits issus des activités habituelles d’un professionnel : cela peut être de la ferraille, des métaux non ferreux, des cartons, du plâtre, du bois, du plastique, des isolants, des déchets verts. Cela représente près de 30 % sur un chantier de déconstruction.

Enfin, parmi les déchets dangereux, on retrouve certaines briques, bétons qui contiennent des substances dangereuses comme l’amiante mais on retrouve également toutes les fibres de revêtement de sol souple, carrelage et faïence, la peinture, le vernis, la colle ou encore du bois non traité et des menuiseries, par exemple. Le bois peut aussi être contaminé. Cela représente 5 % des déchets. Ce diagnostic a lieu en amont de la déconstruction pour traiter ces déchets dangereux et les éliminer.

Optimiser l’élimination et le recyclage des gravats

Pour faciliter le traitement et l’évacuation, les gravats de démolition vont le plus souvent être concassés. 

Ce sont des outils spécifiques qui assurent le concassage. Dans ce cas, cette étape peut, en effet, être faite sur le chantier au moment de la récupération des gravats. Dans d’autres situations, le concassage aura lieu plus tard grâce aux entreprises de revalorisation que nous verrons par la suite.

Cette technique, la plus souvent utilisée pour recycler une matière, consiste à concasser, réduire en petites quantités la matière. Le matériau issu de la déconstruction sera réduit, broyé en granulat pour être revalorisé. Différentes granularités existent par rapport aux besoins de revalorisation.

De nouveaux matériaux pour de futures constructions sont conçus à partir de bétons, pierres et tuiles concassés. Une économie circulaire vertueuse se met ainsi en place. Mais, que faire des déchets dangereux ?

Cas des déchets dangereux (amiante, plomb)

La production de déchets dangereux comme le plomb ou l’amiante est réglementée. Et pour cause, il y a 10 ans, on recensait déjà plus de 2 millions de tonnes de déchets dangereux.

Comme ils ne peuvent pas être valorisés, il faut encadrer cette situation. Lors d’un démantèlement, un examen visuel doit être fait par un expert. Le professionnel peut trouver de l’amiante en regardant, touchant, ou en poinçonnant certains matériaux visibles.

Le professionnel fait un diagnostic qui permet d’encadrer les travaux de démolition d’une partie du bâtiment. La loi travail a rendu le processus de repérage avant travaux obligatoire.

Désormais, la loi impose un document de repérage spécifique qui permet de mentionner la nature et la localisation de ces déchets dangereux pour l’entreprise en charge du chantier. Si ce processus de repérage n’est pas respecté, le tribunal pénal peut se charger de l’affaire et des sanctions administratives et pénales sont possibles. De la prison est même envisagée dans le cas d’une récidive. 

Gérer l’évacuation et le traitement des déchets de chantier

Une consommation plus juste des ressources nécessite de se faire accompagner par des partenaires experts en gestion et en revalorisation pour créer de nouveaux produits, comme évoqué précédemment. Mais, qui sont ses organisations et entreprises qui permettent de réduire concrètement l’empreinte carbone après une déconstruction urbaine ? 

Un réseau de déchetteries spécialistes pour les professionnels du BTP ainsi que des recycleries, des entreprises de consignes, etc, vont intervenir dans le processus d’évacuation des détritus et permettre un meilleur traitement. Même une entreprise de location de bennes assure aux entreprises de BTP d’évacuer les déchets du chantier plus facilement pour un tri respecté.

Les avantages d’un tri optimisé sur les coûts de l’évacuation

Séparer certains matériaux, comme le béton et la brique, par exemple, d’autres types de déchets, peut permettre de bénéficier de tarifs plus avantageux pour leur transport et leur traitement. 

Le réemploi de matériaux sur les chantiers permet de réduire le coût d’approvisionnement en matière première, notamment pour le transport de celles-ci.

En effet, le coût des transports s’évalue à près de 4 % du chiffre d’affaires de BTP. Cela représente en moyenne près de 2,4 milliards d’euros par an. 

Mieux valoriser les déchets, et ainsi limiter les transports de nouvelles matières premières, assure une économie considérable.

Les acteurs du secteur pourront investir dans des équipements plus durables et respectueux de l’environnement grâce à ces économies.

Créer des gisements de matériaux valorisés

Certaines entreprises proposent même de produire des matières premières secondaires, toujours dans une optique de développement durable et de respect de l’environnement. 

Helfaut Travaux, par exemple, s’engage à valoriser 70 % des déchets du bâtiment et des travaux publics. Pour ce faire, l’entreprise utilise des méthodes précises de valorisation. 

Le processus de transformation de la matière inclut le déferraillage ainsi que le passage dans un concasseur. Une cribleuse vient gérer la granulométrie de ces nouvelles matières issues du recyclage. 

L’engagement d’un développement durable respecté, c’est aussi l’engagement de matériaux qualitatifs comme le promet Helfaut Travaux. Ainsi, plusieurs techniques permettent de dépolluer les matériaux pour des matériaux secondaires de qualité. De nouveaux matériaux seront par conséquent produits à partir du recyclage pour un futur aménagement.

Tout le monde dans le secteur du BTP est responsable de la production de chaque déchet, le développement de nouvelles méthodes de valorisation assure l’apparition de matériaux de construction plus durables.