Comment favoriser le réemploi dans le BTP ?

Selon les derniers chiffres de l’ADEME, le secteur du BTP produit à lui seul plus de 240 millions de tonnes de déchets par an, ce qui représente 70 % de la production annuelle de déchets en France. C’est dans ce contexte que des solutions sont recherchées pour réduire l’impact environnemental de ce secteur. Parmi elles, le réemploi des matériaux constitue une piste prometteuse, mais encore sous-estimée.

Qu’est-ce que le réemploi ? Quels sont ses avantages pour l’entreprise ? Quelles sont les bonnes pratiques à adopter pour le réemploi des matériaux ? Et surtout comment le favoriser ? Votre spécialiste en démolition vertueuse en Hauts-de-France s’est penché sur chacune de ces questions.

Qu’est-ce que le réemploi ?

Le réemploi a connu ces dernières années une popularité accrue surtout auprès des instances dirigeantes européennes.

Sommairement, le réemploi est une pratique qui consiste tout simplement à donner une seconde vie aux objets et aux matériaux en les réutilisant au lieu de les jeter.

L’article L.541-1-1 en donne une définition plus précise en disant que le réemploi est « toute opération par laquelle des substances, matières ou produits qui ne sont pas des déchets sont utilisés à nouveau pour un usage identique à celui pour lequel ils avaient été conçus ».

Il est à distinguer d’une autre pratique très proche comme « la réutilisation », aussi définie par l’article précité : « toute opération par laquelle des substances, matières ou produits qui sont devenus des déchets sont utilisés de nouveau ».

La distinction se situe donc à 2 niveaux :

• L’usage : on parle de réemploi lorsque l’objet qui est réemployé est utilisé dans un usage identique à celui pour lequel il a été conçu. Dans la réutilisation, l’objet peut être utilisé pour un autre usage que celui pour lequel il était initialement destiné (ex : transformation d’un vieux pneu comme base d’une table basse) ;
• Le statut de l’objet : la réutilisation concerne des déchets alors que le réemploi s’applique sur des objets que l’on projette de jeter et qui sont souvent réutilisables en leur état.

Le réemploi doit aussi être distingué du recyclage qui implique de recourir à des processus mécaniques ou chimiques ayant pour effet de transformer un élément afin de lui redonner le statut de matière première.

Une pratique encouragée

En France et dans l’Union européenne, le réemploi et la réutilisation constituent des pratiques fortement encouragées. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il existe des dispositions légales européennes et nationales en leur faveur :

• Les dispositifs de Responsabilité Elargie des Producteurs (REP) : depuis le 1er janvier 2017, les producteurs sont soumis à l’obligation d’informer les consommateurs à la disponibilité des pièces de rechange issues de l’économie circulaire durant l’entretien ou la réparation de leur produit (téléphone, voiture, etc.) ;
• La loi REEN : l’article 5 de cette loi dispose que les anciens équipements informatiques des services de l’État ou des collectivités doivent s’orienter vers le réemploi et la réutilisation ;
• La loi AGEC : elle oblige par exemple l’État, les collectivités et les groupements d’acquérir certains biens issus du réemploi et de la réutilisation.

Les avantages du réemploi 

Si le réemploi fait l’objet d’un si grand intérêt, c’est parce qu’il offre de nombreux avantages.

Tout d’abord, il permet de réduire l’impact écologique des entreprises. En effet, en réutilisant par exemple leur mobilier déjà utilisé, les entreprises réduisent leur production de déchets. Autre impact positif, cela limite la production de nouveaux produits.

Ensuite, le réemploi permet de faire des économies substantielles : acheter des produits réutilisés ou reconditionnés est souvent plus économique qu’acheter des articles neufs.

De plus, les entreprises qui décident d’intégrer le réemploi ou la réutilisation dans leur politique de transition écologique bénéficient d’aides et de subventions : crédit d’impôt, aides de l’ADEME, prêt Eco-Energie.

Enfin, le réemploi limite les émissions de carbone. Il faut le rappeler, chaque étape de production de matériaux entraîne des émissions de gaz à effet de serre.

En ré-utilisant plutôt qu’en produisant, il devient possible de limiter l’empreinte carbone des projets de construction.

Quelles sont les bonnes pratiques à adopter pour le réemploi des matériaux ?

Pour favoriser le réemploi, il est impératif de mettre en place de bonnes pratiques organisationnelles. Elles permettent d’apporter des réponses à plusieurs problématiques : identification des matériaux à récupérer et à réemployer, préparation des matériaux au réemploi, etc.

Diagnostic et sensibilisation

La première étape de la mise en place d’une politique de réemploi consiste à réaliser une cartographie précise des matériaux susceptibles d’être réemployés. Il s’agira ici d’identifier les ressources disponibles (matériaux, équipements, mobiliers, etc.) puis de déterminer les futurs besoins ce qui permettra par la suite de déterminer les possibilités de réemploi.

Pour intégrer le réemploi dans la culture de l’entreprise, il faut sensibiliser les employés à l’importance de cette pratique. À cette fin, il est recommandé d’organiser des campagnes de communication, des ateliers ou encore des séminaires destinés à expliquer les conséquences des modes de production et de commercialisation actuels et des avantages environnementaux et économiques du réemploi. Surtout, il faut essayer de combattre le préjugé selon lequel les matériaux réemployés sont de moindre qualité par rapport à ceux neufs.

Création d’une politique de réemploi

La prochaine étape consiste à mettre en place au sein de l’organisation une politique interne claire favorisant le réemploi. Cette politique devra entre autres préciser les critères d’achat des futurs matériaux, les conditions d’utilisation et de stockage des équipements pour prolonger leur durée de vie, la gestion des matériaux et des équipements en fin de vie, etc.

Rejoindre des réseaux et établir des partenariats

Si votre organisation n’a pas les ressources nécessaires pour préparer certains matériaux au réemploi, il est possible de faire appel aux structures de l’Économie sociale et solidaire (ressourceries, recycleries, etc.). Ces structures peuvent vous assister (parfois gratuitement) dans la collecte, la réparation et la redistribution des équipements.

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Outils et ressources pour soutenir le réemploi dans les projets

De bonnes pratiques organisationnelles ne suffisent pas pour soutenir le réemploi. Cette pratique nécessite également divers moyens :

• Création de points de collectes et stockage : afin de faciliter le réemploi, il est impératif de construire des points de collecte et des espaces de stockage. Les points de collectes permettent aux acteurs intervenant dans la mise en œuvre de la politique de réemploi de déterminer où devront être déposés les matériaux susceptibles d’être réutilisés. Un espace de stockage est quant à lui nécessaire pour suivre les matériaux disponibles pour le réemploi et pour préserver l’intégrité structurelle de ces derniers ;
• Travailler avec des centres de réparation : l’intervention de ces centres permet de rallonger la durée de vie des matériaux et des équipements. Ces centres peuvent être internes surtout si votre structure est amenée à travailler avec de gros volumes de matériaux.

Si vous avez longtemps hésité à adopter le réemploi, sachez que vous n’avez rien à perdre tant les avantages apportés par cette pratique sont nombreux. D’autant plus qu’il existe aujourd’hui de nombreux acteurs qui peuvent vous aider à l’intégrer dans vos processus.